Opinions - 12.07.2021

Mohamed Salah Ben Ammar: La bioéthique conçue comme discipline et praxis

Mohamed Salah Ben Ammar: La bioéthique conçue comme discipline et praxis

En tant que médecin intéressé par les questions d’éthique, l’acte de soins au sens large, ne peut qu’être une réconciliation ou plutôt une association entre une action (médicale) et donc obligatoirement collective, sociale tournée vers l’autre et vers des valeurs d’essence spirituelles qui sont d’ordre privé ou plutôt intime (le tragique de l’action).

Aujourd’hui la réflexion éthique internationale cherche à mettre en place, (voire à dicter), des normes et des standards internationaux de «bonnes pratiques» et elle ne se contente plus de déclarer mais s’inscrit de plus en plus dans la perspective de la protection des Droits de l’homme et de la responsabilité sociale (Objet d’un débat passionné et refusé par plusieurs pays lors de l’élaboration la déclaration de 2005).

En effet à mon sens et je reprends avec une forte conviction ce que Lisbeth Sagols écrit “Aujourd’hui si elle veut réussir, chacune de ses étapes doit la rapprocher de l’obtention de l’égalité pour tous les êtres, et elle doit mettre l’accent sur les questions écologiques et sur les limites au comportement humain. La guerre, la malnutrition, le changement climatique, l’épuisement des ressources naturelles et la disparition des espèces impliquent une dégradation importante de la santé sociale et personnelle ainsi que de la santé de la planète.“ En d’autres termes, elle doit avoir la prétention de proposer de nouvelles formes de solidarité et des liens sociaux de réciprocité. Elle ouvre ainsi une réflexion sur la prise de décision par rapport à la gestion des risques, sur la notion de responsabilité, sur la place du sujet et de la subjectivité suivant un modèle global qui doit être à la fois particulier et universel.

Nous proposons une forme de normalisation des approches des questions d’éthique. A cette nécessité de normalisation, correspond un besoin de coordination entre les acteurs mais et surtout entre les pays.

Ce qui ne veut absolument pas dire que les avis sur les questions posées à nos sociétés par la science doivent être homogènes.
Certains préconisent de standardiser les recommandations d’un point de vue pragmatique mais aussi dans la perspective d’une universalité des savoirs et afin de mieux lutter contre les intérêts particuliers des plus puissants ; d’autres aspirent à contextualité les pratiques pour mieux prendre en considération les données locales et pour s’écarter d’une position qui freinerait le fonctionnement adéquat des comités d’éthique dans les pays en voie de développement. Ils prônent une forme de relativisme éthique « largement tributaire de celle du relativisme culturel » [Massé, 2000]. Au point qu’on peut se demander s’il ne s’agit pas, aujourd’hui, d’un simple changement de paradigme.

Mais y aurait-il in fine une démarche éthique des pays pauvres différente de celle des pays riches !!!

Nonobstant les craintes ou les espérances des uns et des autres, tous ressentent le besoin d’une meilleure coordination entre les acteurs.

A suivre 2/5

Pr. Mohamed Salah Ben Ammar
Ancien vice-président du Comité International de Bioéthique de l'UNESCO

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