Kamel Deguiche, ministre de la Jeunesse et des Sports: Ancrer le sport dans l’entreprise et le quotidien du Tunisien
Athlète, champion de Tunisie de triple saut, dirigeant fédéral et avocat de profession, Kamel Deguiche est parfaitement à l’aise dans ses fonctions de ministre de la Jeunesse et des Sports. Surtout depuis son retour à la tête du même département, en octobre 2021, dans le gouvernement Bouden. En septembre 2020, il avait été nommé à ce poste dans le gouvernement Mechichi. Lui aussi, comme Taoufik Charfeddine et d’autres, sera rapidement débarqué en février 2021…Personne ne s’attendait à son retour, sauf le président Kaïs Saïed qui l’a connu à la faculté des Sciences juridiques.
Mon premier passage au ministère de la Jeunesse et des Sports, puis le recul pris entre les deux mandats, m’ont été utiles, confie Kamel Deguiche. Ils m’ont permis de mieux connaître les équipes, les procédures, les programmes et les multiples contraintes à surmonter. J’ai pu ainsi reprendre du bon pied.»
«C’est un département sensible, souligne le ministre, largement exposé au public, groupant différentes catégories d’acteurs, gérant de multiples structures. L’élément humain est capital. Il appartient au ministre de promouvoir l’esprit d’équipe et d’instaurer une culture de l’efficience. La deuxième grande difficulté rencontrée est la modestie des ressources financières. Les restrictions budgétaires nous ont contraints dans un premier temps à fonctionner avec 25% seulement des crédits initialement alloués. Cela signifie tout simplement l’arrêt de toute possibilité d’investissement, l’impossibilité d’exécuter les projets en cours et surtout les programmes des fédérations qui doivent faire face à des échéances nationales et internationales. Nous avons alors essayé de convaincre des personnes privées pour qu’elles s’impliquent dans les projets du ministère en favorisant les perspectives du PPP.»
Cette austérité budgétaire n’a pas empêché le ministre Deguiche d’engranger des réussites. Il cite notamment le lancement des travaux de réhabilitation du stade d’El Menzah, véritable icône du football tunisien, l’élaboration d’un projet de loi sur les structures sportives et la création, au sein du ministère, d’un bureau consultatif de la jeunesse, conçu comme une force de proposition.
De grands défis restent posés, estime le ministre de la Jeunesse et des Sports. Il s’agit en effet de faire du sport un secteur vital, en le mettant au cœur du quotidien des Tunisiens et de le traiter d’une manière horizontale impliquant tous les ministères : santé, éducation, environnement, affaires sociales... Cette démarche passe par le renforcement du sport citoyen.
« Nous cherchons à consacrer ce concept, explique le ministre Deguiche, par un texte de loi sur la santé et le sport. Elle portera notamment sur :
• La prescription d’activités sportives par les médecins pour certaines maladies (hypertension, diabète…). C’est ce qu’on appelle «l’ordonnance non médicamenteuse». Les coûts de la pratique du sport seront remboursés par la Cnam à long terme ;
• L’engagement par les entreprises dépassant un certain nombre de salariés (à partir de 50) d’au moins un moniteur de sport parmi les diplômés des instituts supérieurs ;
• L’incitation des 350 municipalités à l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de généralisation de la pratique du sport à travers la création de circuits de santé qui seront gérés par les diplômés des instituts supérieurs ;
• L’implication des privés dans les grands projets du MJS à travers le PPP, essentiellement en ce qui concerne les infrastructures sportives telles que les terrains de foot et les piscines qui peuvent suivre la technique du «Naming», comme c’est le cas des plus grands stades de football ou de salles omnisports en Europe ;
• L’institution d’une couverture sociale pour les sportifs, essentiellement ceux qui sont à la retraite ;
• L’examen de la possibilité d’une amnistie fiscale pour les associations sportives, notamment les clubs de football ;
• La révision du statut du sportif d’élite en fixant les droits et les obligations ;
• La création par un texte juridique du statut d’« ambassadeur du sport tunisien » ayant des effets juridiques qui lient le ministère de la Jeunesse et des Sports, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l’Intérieur, etc. ;
• L’adhésion à la Convention internationale de lutte contre la manipulation des résultats sportifs dite « Convention Macolin ».
Pour ce qui est de la jeunesse, le plan du ministre Deguiche est ambitieux. Il s’agit notamment de :
• Revoir le cadre juridique des maisons des jeunes afin d’atteindre les résultats suivants :
• Rendre les maisons des jeunes aux jeunes de manière qu’ils aient ce sentiment d’appropriation. C’est-à-dire associer activement les jeunes à la gestion des maisons des jeunes à travers la création des conseils de la jeunesse au sein de chaque maison des jeunes ;
• Faire des maisons des jeunes un cadre d’incitation à l’initiative privée et à la création de projets économiques ;
• Permettre l’exploitation des maisons des jeunes à travers la technique du PPP pour les diplômés de l’Institut supérieur d’animation de Bir el Bey et aussi des diplômés des instituts supérieurs de sport ;
• Ouvrir les maisons des jeunes aux associations sportives et aux activités artistiques et culturelles.
Quant à l’éducation physique, Kamel Deguiche s’emploie à réduire considérablement le chômage des diplômés, en négociant l’augmentation des nouveaux recrutements, essentiellement de ceux qui sont diplômés depuis plus de dix ans. Il entend également proposer d’autres alternatives à la fonction publique telles que l’engagement dans les entreprises privées et publiques dans le cadre de la loi sur la généralisation de la pratique du sport.
Les motifs de satisfaction ne manquent pas pour le ministre de la Jeunesse et des Sports. Les performances accomplies par les sportifs tunisiens sont source d’un immense bonheur pour tous les Tunisiens, dit-il. Aussi, sur le plan national, relève-t-il l’intérêt de plus en plus croissant accordé par la présidence de la République et celle du Gouvernement, ce qui se traduira par un soutien plus substantiel. Au niveau international, il mentionne la réélection de la Tunisie en tant que membre du Bureau exécutif du Conseil des ministres de la Jeunesse et des Sports arabe, ainsi que l’accord de principe pour l’établissement du groupe qatari Aspitar et Aspair en Tunisie, ce qui constitue un formidable acquis aussi bien pour l’élite sportive tunisienne que pour la médecine du sport qui contribueront davantage au rayonnement du sport tunisien sur le plan international.
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