Opinions - 08.04.2011

Pourquoi toute cette haine ? Nous sommes tous des Tunisiens libres !

Les Tunisiens sont différents, et ce n’est guère un phénomène nouveau. Ils sont différents et l’ont toujours été  dans leurs convictions, leurs idéologies, leurs cultes, leurs visions, leurs  pays et régions d’origine, leurs appartenances sociales, leurs catégories professionnelles, leurs générations, leurs pratiques de toutes sortes,…Ils sont différents, mais très fortement unis autour des mêmes acquis, depuis le 14 Janvier : Tunisiens, Citoyens, Libres, Unis contre la dictature et la répression.

Alors pourquoi  toutes ces divisions  précoces ? Pourquoi tous ces échanges de  haine ? Pourquoi tout ce manque de conscience ?

Pourquoi, ayant recouvré leur liberté, oublient-ils la tolérance et se tournent vers la violence ? Ils sont tout de même connus pour leur  pacifisme et  leur esprit d'ouverture.

Il est tout à fait normal que nous soyons différents. Il est même impératif que nous exprimions nos différences dans le nouveau paysage démocratique, mais il est tout aussi important de comprendre que nous devons nous accepter les uns les autres.

Cette problématique se trouve aussi projetée sur le plan politique : Une guerre est ouverte entre  partisans et sympathisants  des différents partis. Une guerre peut-on dire, tout à fait légitime, mais qui semble, dépasser les limites tolérées : les Tunisiens s’insultent, ne se respectent plus, voire même se bagarrent et commencent à agresser ceux qui sont différents d’eux, sur les lieux publics et sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, nous oublions  que lorsqu’on parle de liberté et de démocratie, il faut, tout d’abord, tourner le dos à tout ce qui s'apparente à la théorie du parti unique, de la religion unique, de l’idéologie unique et du modèle unique. Tous ceux qui nous semblent différents ont le droit d’exister. Même si ceci nous semble dangereux pour le pays, nous n’avons pas le droit de nous y opposer : c’est la loi de la démocratie .

Alors, arrêtons toutes les formes de violence contre ceux qui sont différents de nous, car il y a bien des méthodes beaucoup plus intelligentes pour exprimer nos tendances et nos idées, ou même les propager.

Sans raisons valables, une guerre  s’est déclenchée entre les femmes. Il faut tout simplement que les femmes non voilées acceptent celles voilées et arrêtent de publier, sur les pages des réseaux sociaux, des commentaires et des photos qui touchent leurs compatriotes dans  leur dignité. Il y en a certaines parmi ces dernières qui ont souffert de la répression plus que toutes les autres. Les voilées, à leur tour, ne doivent pas juger explicitement  les autres femmes émancipées, ou leurs imposer des modèles de comportement ni même accepter que des hommes, barbus ou non, peu importe, agressent leurs compatriotes femmes dans la rue. Une femme non voilée est en droit de refuser de se voir imposer le port du voile, ou qu’on lui interdise une certaine tenue vestimentaire ou comportementale. Celle voilée n’acceptera pas non plus qu’on la discrimine pour son apparence ou qu’on lui interdise des droits, à cause de ses tendances religieuse : Nous voyons bien qu’elles ont le même souci : rester libres.

Sur un autre plan, ceux qui veulent  défendre un parti politique, doivent mettre en valeur ses principes, ses actions, son programme ainsi que les qualités de ses représentants. Il relève de la faiblesse de chercher à discréditer des hommes politiques, ou insulter les autres aux seuls motifs qu'ils nous déplaisent  ou que nous  ne partageons  pas leurs idées, ou encore pour renforcer d’autres partis. Aussi, certains activistes seraient-il plus inspirés  d'encourager les coalitions avec leurs partis et leurs semblables .  Vous me direz qu’ils sont libres de leurs choix, mais, au fait, il a  déjà été remarqué que plusieurs partis ne sont pas différents, et que, dans la précipitation des faits, nous avons besoin de leur union qui constituera une  force réelle, exactement comme notre Tunisie aurait besoin de notre union, dans nos différences, ce qui ferait pour nous un bel avenir.

Il faut aussi rappeler que ceux qui ont choisi de demeurer apolitiques,  sont aussi libres de leur choix, dans la mesure où ils restent des électeurs bien avertis et conscients de leur environnement politique,  mais aussi dans la mesure où ils peuvent toujours participer à la construction de leur pays, en s'investissant dans le mouvement associatif ou dans toute forme d’action de sensibilisation, de motivation, de formation et d’assistance à leurs concitoyens.

 Nous avons tous le droit d’être politisés ou non, de pratiquer la religion de notre choix, de nous exprimer librement, de mener la vie qui nous plait, de porter les habits qui nous conviennent,  de soutenir un parti, une association, une ONG, une personnalité ou une cause, tant que nous le faisons dans le respect de l’autre. Nous avons tous  droit à la liberté que nous avons chèrement acquise. Alors unissons-nous et faisons de nos différences un atout  plutôt qu'une source de conflit. Ne serait-il pas plus judicieux pour nous, de militer ensemble, chacun dans sa structure ou son environnement, pour imposer, aux futurs membres de la constituante, un engagement pour  la non discrimination et le respect des libertés individuelles.

Toute atteinte à la liberté de l’autre, par le jugement, l’interdiction, la moquerie, l’agression physique ou morale, est à mon avis une forme de violence. Alors, chers Tunisiens disons « Stop à la violence » : cessons  de nous quereller, et apprenons à accepter le droit à la différence. Notre  révolution était celle de la liberté, certes, mais la liberté des uns s’arrête là où celle des autres commence.

Feten Meziou

 

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27 Commentaires
Les Commentaires
moncef kaafar - 08-04-2011 19:32

Excellent article qui traduit la triste réalité qui a, malheureusement, pris la place de la solidarité et de la compréhension d"'autrui qui nous ont permis d'être ce que nous sommes aujourd'hui. La liberté et la démocratie nous imposent le respect d'autrui sous toutes ses formes.

laabed - 08-04-2011 22:13

l'article parle de la violence urbaine entre groupes politiques, mais la Tunisie de l'intérieur ou plutôt rurale a vécu aussi depuis la révolution beaucoup de violence physique ;oui des violentes confrontations par bâtons, pierres , armes blanches et des armes à feu entre des tribus , des quartiers, des villages .il y'a eu des nombreux blessés même des morts ,les séquelles sont douloureuses et graves .cette violence met à nu la persistance du tribalisme , régionalisme dans les relations sociales.le concept de citoyenneté n'est malheureusement pas consommé que par une élite dans nos grandes cités.

A.Tekaia - 09-04-2011 08:32

A mon avis les bagarres qu'on voit dans les mosquées, sur les trottoirs et les médias sont dûs primo au vent de liberté qui souffle sur notre pays depuis le 14 janvier, secondo on est en période d'apprentissage de la démocratie ,il y a nécessairement des dépassements ici et là qu'il faut contenir et de toute les façons il ne faut pas qu'elles génèrent de la violence.L'origine de cette confusion ,à mon sens,est l'amalgame : islam et politique:chacun a sa petite idée,et chacun devient moufti pour l'occasion sans que les gens soient convaincus vraiment de ce qu'ils font ni ce qu'ils disent ;cette confusion est entretenue par l'ambiguïté des partis islamistes et leur "intellectuels":polygamie ou non ,voile ou pas de voile...et d'une façon générale la discussion vole très bas et tourne en vérité autour de la liberté de la gent féminine et donc la liberté de la moité de notre société;il va falloir mettre un point final à cette ambivalence origine de discussions stériles sur des détails d'un autre âge et de perte de vue du plus important sinon de l'essentiel :dignité ,réformes,développement,travail , progrès,espoir,démocratie ... causes pour lesquelles la révolution a éclaté et sans cette révolution les islamistes et les autres seraient condamnés au silence dans leur pays ou à l'expatriation,il ne faut pas l'oublier et se rappeler que le temps est en or.

youssef BAHRI - 09-04-2011 20:58

Bravo pour cet article. Espèrons que vous serez ecoutée et que les tunisiens apprennent à se respecter les uns les autres et à accepter leurs différences. La tunisie est en effet un mélange de populations, de races, de religions un melting pot une terre de passage où ont vécu des berbères des arabes, des espagnols, des Français, des russes des muslmans, des catholiques, des juifs La violence ne ménera qu'à la violence et l'exclusion à l'exclusion Il est important que la liberté de chacun de chacune et de tous soit respectée dans le cadre de la loi et de l'interet supérieur du pays.

Ben Ammar Asma - 09-04-2011 22:27

Excellent article qui traduit la triste réalité. La liberté et la démocratie nous imposent le respect d'autrui sous toutes ses formes.Je pense exactement comme vous.

Lassoued Abderrazak - 10-04-2011 09:10

Très bel article. Mes respects Madame. Vous confirmez tout le bien que je pense de la femme tunisienne.

bousnina - 10-04-2011 14:42

Totalement en phase avec vous, bravo! Refusons en effet tout ce qui est unique: NON A LA PENSÉE UNIQUE? NON AU PARTI UNIQUE, NON AUSSI A LA RELIGION UNIQUE!! LA SEULE UNICITÉ ACCEPTABLE C CELLE DE LA TUNISIE: LA TUNISIE EST UNIQUE. Ceci dit, il est tout à fait normale qu'en ce moment les débats soient un peu chauds, c même enthousiasmant, ça finira par se décanter, j'ai confiance.

nawel kharrat - 10-04-2011 20:36

Merci pour ces belles paroles, je commençais à désespérer qu'il puisse y avoir en Tunisie quelqu'un de tolérant. Madame j'ai lu votre article et je vous écris ce commentaire avec les larmes aux yeux. Merci une fois de plus.

amel Limam - 10-04-2011 20:50

Un très bel article madame, sauf que le sentiment de haine traduit un autre sentiment celui de la crainte et de la peur. On vit dans l'incertitude, la précarité et la peur de l'autre! Cet autre est parfois, la femme voilée ou l'homme à la barbe. C'est le sentiment de menace qui justifie ces échanges de haine! On se défend contre l'autre par tous les moyens car on a tout simplement peur de cet autre. Les tunisiens se sont habitués pour de longues années au « statu quo » et ont peur de l'incertain. Cet ère nouvelle porte en elle un véritable sentiment de malaise qui se traduit parfois par une agressivité, agresser avant d'être agressé, défendre son territoire et même son identité ! Il nous faut du temps pour que les choses reviennent à la normale! Il faut qu’il y ait de la bonne volonté de la part tous pour accepter la différence, facile à dire mais difficile à faire !

Mourad - 10-04-2011 20:57

L'article dit: "Ils sont tout de même connus pour leur pacifisme et leur esprit d'ouverture"......On a jamais connu les Tunisiens pour ça !

ghrabi mohamed hedi - 10-04-2011 21:00

je suis tout a fait d'accord avec vous

Hassen Mourali - 10-04-2011 21:09

Merci Faten pour cet article qui reflete mes pensées.J'espere que les Tunisiens et Tunisiennes comprennent que nous avons besoin l'un de l'autre du Nord au Sud mais malheureusement certains encouragent la haine et la violence.Tout le monde parle politique et c'est leur droit mais quelques uns s'interessent à l'epanouissement de notre Tunisie

Faysal Grami - 10-04-2011 21:13

Merci pour votre article. Il exprime exacrtement mes pensees.

moncef laroussi - 10-04-2011 21:21

Les tunisiens ne sont pas aussi différents que ça. Bien au contraire, nous sommes pratiquement à 100% arabes et musulmans malékites. Les marocains sont par exemple à 50% berbères! Donc ce qui nous unit est énorme mais...le grand problème c'est l'inégalité au niveau du développement régional. C'est notre tendon d'Achille. C'est là qu'il faut agir pour atténuer les rancœurs et unir davantage les tunisiens.

aouadi - 10-04-2011 22:29

merci pour cet article , il traduit bien notre réalité du jour . Il imcombe et d'urgence , à mon avis , aux guides politiques d'encadrer les jeunes pour éviter ces débordemnts qu'on relèvent ça et là , et qu'ils disent haut et fort à ces jeunes : la démocratie a horreur de la violence et de l'extrémisme .Ce ci n'empèche pas qu'il aurait tjrs des apprentis de la politique qui ne feront que la politique politicienne et c'est au reste de la société de savoir composer avec ,c'est la loi de la nature , il y a eu ,il y a et il y aurait tjrs du bon et du moins bon ...une derniére remarque ,si vous le permettez mme, les femmes voilées peuvent être aussi émancipées , ça peut-être leur façon d'être émancipées .

Zouhour Karray - 10-04-2011 23:23

Très bon article qui résume bien la situation difficile vécu par notre jeune démocratie. Oui, c'est une période d'apprentissage par laquelle passe notre société en matière de démocratie mais je pensais que le respect d'autrui est une question d'éducation avant tout !!

Abdelmajid Lahmar - 10-04-2011 23:37

c'est bien la voix de la sagesse. Espérons qu'elle soit entendu par tous . à partager sur la plus grande échélle possible.

ayedi Mohamed Habib - 10-04-2011 23:42

Bravo pour cet article. C'est exactement ce que je pense de la scene politique de la Tunise;

tarek - 11-04-2011 00:28

Merci pour l article. Je veux juste rajouter qu'il ne faut pas donner raison, par notre comportement, aux dictateurs qui disaient que ne sommes pas un peuple assez mûr et prêt pour la liberté et de toute façon les différences dont parle l'article ne sont pas essentiels et vitaux pour un peuple qui veut aller de l avant et construire un nouveau pays nous ne sommes pas si différents que ça montrons que nous sommes digne de cette révolution et ne laissons pas des gens malhonnêtes nous détournés de notre objectif premier qui est certes ne plus permettre à la dictature de revenir nous gouverner et ceci en instaurant de faux et stériles débats dans notre société.

Hamda MAAMMER KAIROUAN - 11-04-2011 01:10

Un très bon article, qui nous dit en substance qu'en définitive nous devrions nous considérer tous comme appartenant à UNE MÊME FAMILLE. Oui, appartenant à une même famille, celle des tunisiens. Nos différences, tout à fait naturelles ne devraient en aucune façon, être pour nous des raisons d'animosité. Tout au contraire, en fins communicateurs, grâce à nos intelligents dialogues, nous devrions tâcher d'en tirer le plus de profits et de richesses pour toute la nation, en sachant être amicaux et fraternels à l'égard des autres, et de fins courtois quand nous leurs adressons des critiques pour certains de leurs manquements et défauts, et accepter de bon coeur les critiques quand elles nous sont faites par autrui, à cause de certains de nos agissements et idées et témoigner toujours de notre humilité et de notre ouverture d'esprit, quand nous défendons nos convictions . Pour ce, entendons-nous définitivement à comprendre la nécessité de respecter entre autres, les principes de libertés pour tous, hommes et femmes, de dignité, de justice, d'égalité de droits et de devoirs pour tous les citoyens et citoyennes, sans exceptions aucune.

Amor Mtimet - 12-04-2011 09:43

Excellent article, de fond et de forme. L'auteur après une analyse réaliste et pragmatique de l'actuelle situation, essaye de composer des solutions politiques et sociales pour notre jeune démocratie et on en a besoin. à continuer l'élan de cette participation ! A.M.

Fathi Zouhair - 12-04-2011 18:37

Bravo pour cet excellent article ou il y a beaucoup de logique, de sagesse et de clairvoyance. une question aux tunisiens: Est-il mieux de vivre tous victimes SOUS une dictature ou tous libres DANS une democratie?

FARAH.A - 13-04-2011 16:19

oui pourquoi? surtout sachant à travers l'histoire que nous autres tunisiens sommes un amalgame de civilisations (berbères, phéniciens, romains, arabes, ottomans, andalous et autres...), donc il faut que nous nous acceptions les uns et les autres comme on l'est.

Fathi Zouhair - 13-04-2011 19:05

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hela - 13-04-2011 20:31

je suis d'accord avec tout ce qui s'est dit dan l'article de mme feten meziou sauf que on a tous remarqué que l'agressivité vient beaucoup plus de ceux qui se disent démocrates et meme défenseurs des droits de l'homme: sur le plateau de hannibal c'est l'islamiste qui a fait preuve de tolérance et non le défenseur des droits de l'homme qui a osé dire ,je cite "j'espère que les tunisiens ne voteront pas pour vous alors que Zitoun a dit "nous voulons travailler avec vous ,la main dans la main et nous sommes ouverts à toute participation pour le bien de la Tunisie. Ceux qu'on a l'habitude de craindre pour leur extrémisme se sont avérés bien plus tolérants que les soi disant modernes!

emna - 17-04-2011 22:58

Bravo Feten, c un exellent article, je partage ton avis, la liberté c accepter la différence, respecter les autres, et vivre en paix dans le paysage social.

Mhedhbi Zohra - 24-04-2011 14:31

nous n'avons jamais eu de problèmes de religion, de la pratique, ou de non pratiquer, (je parle de nous citoyens tunisiens), mais je note que depuis le 14 Janvier c'est devenu le plat le plus servi dans nos assiettes, je sais que nous avions tant de haine contre Ben Ali etC;ie et que l'exprimons actuellement avec toute liberté, mais je ne pense pas , et je n'admets pas ,que nous avions de la haine contre nous meme, qui s'eclate de nos jours, et qui pourrait avoir des conséquences catastrophiques, et qui ne mènerait qu'à la division du peuple, alors, que nous nous sommes battus contre Ben Ali d'une meme VOIX, nous étions tous unis contre lui... alors de grace, réunissons-nous, et accéptons nos différences, tout en critiquant nos politiciens quand ils dérivent (aprés tout ce ne sont pas des dieux), sans pour autant en faire un moyen de nous éloigner...

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