News - 09.07.2012

Lettre ouverte à Monsieur Rached el Ghannouchi

je n’adhère pas à votre parti, mais je vous respecte pour deux raisons. La première est d’avoir fait évoluer votre parti vers ce qu’est Ennahdha aujourd’hui, un parti de masse, bien organisé et bien structuré et dont l’idéologie n’est plus celle que le peuple tunisien a connue dans les années qui vous ont valu les mesures de répression et les dures années d’exil.La seconde raison réside dans votre intelligence et votre pragmatisme politique qui ont fait que vous avez enfin accepté la reconduction de l’article premier de la Constitution de 1959 et avez opéré  la volte face  historique et courageuse que vous avez faite suite aux évènements d’El Abdelia en revenant sur votre décision, prise publiquement, de manifester évitant ainsi au pays d’entrer dans un bain de sang.

Vous auriez qualifié le Gouverneur  de la BCT« d’empereur » traduisant le peu d’estime dans lequel vous tenez ce dernier. Ce sentiment a été renouvelé, le 6 juillet sur la 2,lorsque vous avez affirmé maladroitement  que le Gouverneur de la Banque Centrale n’est pas également  irremplaçable, traduisant votre méconnaissance de l’homme et  surtout de l’Institution dont il a pris la lourde charge. En dépit de tout cela, je vous demande d’administrer encore une fois la preuve du sens de la  responsabilité politique en revenant sur votre décision de révoquer injustement le Gouverneur, ou au moins, en demandant à vos troupes de ne pas voter en bloc comme d’habitude, mais de le faire librement, en leur âme et conscience lorsque votre projet de révocation sera examiné prochainement par l’Assemblée Nationale Constituante.

L’ANC, surtout après la conférence qu’a tenue Monsieur le Gouverneur ce Vendredi,  devra faire face également à ses responsabilités. Elle devra d’emblée définir les critères de révocation d’un Gouverneur qui est loin d’être un simple fonctionnaire. En effet,un Gouverneur ne pourra être révoqué de ses fonctions que dans des cas limitativement énumérés telles que  l’incompétence, la faute professionnelle lourde, la corruption, la maladie…motifs qui devront obligatoirement figurer dans la prochaine constitution.

 En l’absence de ces griefs, l’ANC doit refuser de révoquer le Gouverneur. Si par malheur des députés votent, par esprit partisan, pour la révocation, en dépit de l’absence de reproches objectifs à faire au Gouverneur, ils devront en assumer toutes les conséquences vis-à-vis de l’opinion publique. Il n’est pas exclu que le gouvernement issu des « prochaines élections » pourrait, à juste titre, leur demander des comptes. On ne peut condamner impunément un responsable qui n’a rien à se reprocher dans un état de droit qui sanctionne tout excès de pouvoir.

Ne perdons pas de vue que lorsqu’il y va de l’intérêt national et en l’absence de motif réel de révocation, il est toujours possible d’engager les bons offices des uns ou des autres pour provoquer une rencontre entre vous, Monsieur le Président de la République et  Monsieur le Gouverneur pour dissiper tout malentendu et tourner la page.
Le pays a besoin de personnalités qui ont fait leur preuve sur le plan professionnel et  dont l’intégrité et le patriotisme ne peut être contesté de la trempe de si Nabli. Notre pays qui aspire à plus de stabilité et de continuité vous en sera reconnaissant. Puisse Dieu éclairer votre lanterne !

 

Mokhtar el khlifi

 

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19 Commentaires
Les Commentaires
Tounsi - 09-07-2012 10:07

En lisant les conditions que vous énumérez pour limoger le gouverneur de la BCT on dirait que son changement selon vous devrait etre plus difficile que le changement de ben ali!!!! C'est a dire selon vous le gouverneur de la BCT devrait avoir le statut le plus haut dans la republique, i.e. symbole pour dire implicitement que les vrais gouverneurs du pays sont les forces financieres internationales a laquele il a appartenu. Cette engouement de partout et par toute la bourgeoisie Tunisienne dans cette affaire renforce les doutes qui entoure cet homme et toute cette affaire, et en fin de compte nous fait penser que ca a ete une bonne idee vu les milieux louches qui le supporte.

drmohamedsellam - 09-07-2012 17:22

C'est une lettre qui m'a fait énormément rire ..elle m'a vraiment dilaté la rate..l'auteur,sans le savoir peut-être ,a fait l'éloge de Ghannouchi..Il en a fait le panégyrique de manière maladroite..Quel poste occupe-t-il,ce monsieur Ghannouchi,au sein de l'Etat,pour que l'auteur de cette lettre ose lui parler sur ce ton obséquieux et hypocrite?Ghannouchi a t-il du poids pour qu'il se mêle de l'affaire du Gouverneur de la BCT ?Je m'indigne,je me révolte contre cette attitude partisane de la part de l'auteur de la lettre qui semble implorer un regard d'un homme qui n'a aucun pouvoir mais qu'il cherche à lui en conférer ... voir sellam44/drmohamedsellam

al07 - 09-07-2012 18:29

Pourquoi adresser vôtre lettre ouverte à Monsieur Rached Ghannouchi ? Il n'est que le chef d'un parti et il n'a pas de mandat électif !(Même si,tout le monde sait qu'il dirige en sous main la Tunisie....)C'est à Monsieur Marzouki,Résident de la République ou à Monsieur Jebali,Premier Ministre,que vous auriez dût adresser vôtre lettre ouverte.....A moins que vous ne pensiez comme tout le monde que le "Cheik" Rached,fait la pluie et beau temps en Tunisie ?

tounesalbaya - 09-07-2012 19:16

D'accord pour votre analyse, mais j'estime que nous n'avons pas besoin d'un parti religieux, pour plusieurs raisons surtout que le monde occidental est allergique à cette appellation, pour les Tunisiens il préfèrent un régime comme le temps de BOURGUIBA avec en plus une vrai démocratie, où tous les Tunisiens de tout bord se respectaient mutuellement, vous savez bien que le parti à tendance islamique n'accepte pas les opinions des autres. sa démocratie est à sens unique, c'est à prendre ou à laisser, çà n'empèche pas qu'Ennahda pourra être représentée à l'asseblée nationale en qualité d'opposant pour éviter que ceux qui seront au pouvoir ne gouvernent seuls.

candide - 09-07-2012 20:25

Tout est si gentiment dit et de façon si respectueuse, que j'ai quelques scrupules à démolir ce qui est dit. C'est pourquoi je garderais mes commentaires plustôt acides pour un autre moment. Quoi qu'il en soit, M. Moktar el Klifi a totalement raison en demandant l'indulgence pour le gouverneur de la BCT. En période de crise, on s'entoure des meilleurs spécialistes du domaine pour sortir le pays du bourbier dans lequel il s'enfonce, et par la faute de qui ? C'est une des rêgles les plus élémentaires de saine gestion que l'on apprend pas dans les cours de philo, même en Syrie. Alors, M. Rached el Ghannouchi, un peu de modestie et plus de clairvoyance ne ferait de mal à personne, mais surtout le plus grand bien à la Tunisie.

Touhami Garnaoui - 09-07-2012 20:44

Pas une mais deux raisons de respecter Ghannouchi. Pauvre el Khlifi pauvre Tunisie.et

Rachid BARNAT - 09-07-2012 22:24

On croirait lire une demande de clémence adressée au guide suprême du parti qui domine la troika, pour sauver le soldat Nabli. Grotesque, si ce n'est révélateur du mode de fonctionnement des hommes d'Ennahdha et de leur rapport à un dictateur en puissance.

Dr.zaiane - 09-07-2012 23:41

Article intéressant et qui touche au but de M.elKhlifi qui remet en place Ghannouchi defacon intelligente. Eh bien,comme dans certains passages l'auteur semble louer l'intelligence de Ghannouchi danscertaines de ses réactions,espérons que ce dernier puisse là aussi faire appel à son bon sens pour bien réagir à la lecture de cette lettre.

Hedi - 10-07-2012 03:10

Je remercie l'auteur de cet article et je comprends parfaitement le sense de son argumentaire. Comme lui je pense que l'ANC ferait une erreure juridique monumentale de voter pour le limogeage de Mr Nabli sans raison valable reconnue par les réglements (ou lois) en vigueur. Je connais très bien Mr Mustapha Nabli pour avoir tarvaillé avec lui pendant au moins une 10 d'années à la Banque Mondiale. Sa compétence et son intégrité dans les milieux internationaux sont au delà de tout soupçon. J ajouterai que Mr Nabli est le seul citoyen du monde Arabe qui a occupé l'un des postes les plus élevés (économiste en chef) de la Banque Mondiale au cours des 50 dernières années. C est une fiéreté pour la Tunisie et pour le monde Arab. Ce que je ne comprends pas dans cet article, c'est pour quoi cette lettre est addressée à Mr. Ghannouchi ? il n'est que chef d'un parti politique, fusse-t-il la parti majoritaire. A moins que Mr Ghannouchi et Ennahdha se comportent comme l'ancien chef du RCD et le RCD lui même. C est à dire, le parti- Etat et l'Etat-parti. Il est vrai que Mr Ghannouchi se comporte comme tel depuis un certain temps, autrement pourquoi s'ingère t-il dans les affaires de l'Etat et les décisions du gouvernement alors qu'il n a aucune fonction officielle dans le gouvernement actuel. J'ai cru que cette sombre période de Parti-Etat est révolue !! apparement non, du moins selon certains comportements déconcertants de Mr Ghannouchi. Autant pour les victimes de la révolution qui ont cru se sacrifier pour un Etat pour tous les citoyens et non la propriété d'un parti politique. Mon cher Mokhtar, a mon avis, cet article que je soutiens de toute force, devrait s'addresser aux membres de l'ANC pour les mettre devant leur responsibilité historique: la démocratie c'est l'Etat de droit, de ce fait, l'ANC ne doit voter dans ce cas précis que si les lois ou réglements (de la BCT)en vigueur sont respectés - ce qui ne semble pas le cas. En tout état de cause je tiens à remercier Si Mokhtar pour avoir soulevé cette question d'une façon élegante et j'espère que les representants du peuple respecteront les lois avant toute autre considération. S'ils le font ils s'en sortiront grandis et auront notre respect.

khedri a - 10-07-2012 08:14

je suis convaincu qu avec la sagesse et la clairvoyance de chikh rached le dossier de limogeage de m nabli trouvera une bonne issue.ne privez pas la tunisie de cette compétence mondialement reconnu prenez ses conseils au sérieux

Kotb Mounir - 10-07-2012 12:36

Je me demande bien qui aurait pu commander Mr Mokhtar El Khlifi pour rédiger cette lettre ouverte dont l'auteur ne connait même pas le destinataire; s'agit-il de "Monsieur Rached Gannouchi" ou de "Monsieur le Président de la République" (avant-dernier paragraphe de la missive)? De plus, je partage la commentaire de "Tounsi" sur ce statut supérieur du Gouverneur de la BCT.. sachant aussi que l'auteur de cette étrange lettre cache à peine les menaces qu'il profère à l'encontre des membres de l'ANC qui manqueraient de collaboration et valideraient la "destitution" de SM le Gouverneur, mondialement reconnu et ingratement remercié par les autorités de son pays... Enfin, trop et trop de bourrage et de malséance dans cet article que Leaders a cru bon de publier à la Une/ J'arrête.

Tarek Châabouni - 10-07-2012 12:53

Et pas seulement pour MKN Je salue l'intention louable de l'auteur de la lettre qui s'est adressé au chef politique d'Ennahdha car il vaut mieux s'adresser au bon dieu qu'à ses saints(sans aucune intention sacrilège!)et c'est une preuve supplémentaire que le dialogue direct est le meilleur.Reste que ,au moment de l'ouverture du Congrès d'Ennahdha,des questions plus importantes auraient pu être adressées à Rached Ghannouchi.

Citoyenne avertie - 10-07-2012 13:21

Je me pose la même question que si Tounsi, pourquoi cet acharnement pour rester à la tête de la BCT? Pourquoi si Nabli aussi compétent soit il tient il autant au pouvoir tout comme les anciens dictateurs qui nous ont commandés pendant des decénnies ? cela devient une caractéristique du tunisien!! Et sur la base de quel texte Mr l'auteur de l'article nous évoque les motivations du limogeage du gouverneur? Si Mokhtar n'evez vous jamais appris que si les raisons de la révocation sont énumérées, il n'y a cependant aucune obligation de motiver cette révocation par le gouvernement qui reste seul et unique maître de cette décision.

Jawhar - 10-07-2012 14:10

Mr Rached el Gannouchi, est actuellement le personnage politique tunisien le plus charismatique, le plus sage et à priori celui qui défend le plus et même garant des droits de la "populace" ignorée et opprimée par l'ancien régime. Toute fois il a 2 énormes écueils qui feront que sa doctrine aura, malgré la profonde indigence intellectuelle et matérielle de plusieurs de nos concitoyens, sa doctrine aura très peu de chance de réussir à long terme: 1- Son idéologie religieuse ne place pas la patrie en 1er et ceci est incompatible avec un pouvoir national qui se doit d'avoir en exclusive priorité LA TUNISIE. 2- La "progéniture" politique de Mr RG est en majorité techniquement très faible, incapable de se maintenir avec la logique mondialiste de notre ère et ce d'autant plus que la technique considérée instinctivement trop terrestre est à la limite méprisée par l’idolâtrie de l'au delà.

moncef - 10-07-2012 17:54

un peu de décence et de bon sens chers compatriotes, la scène a laquelle nous assistons aujourd'hui au sujet du limogeage de Mr Nabli ne manque pas de malveillance de la part des autorités de l'Etat. Cela nous rappelle les pratiques de ZABA a chaque fois qu'un haut responsable fait son travail en son ame et conscience. C'est normal, un homme pragmatique comme Mr Nabli ne les plait pas car il faut etre fou pour faire passer le budget de l'Etat de 20 milliards et quelques de D à 24 milliards et quelques de D surtout eu égard à la conjoncture éco nationale. Il va de soi qu'il y'a qu'une solution ou bien il cède au détriment des impératifs monétaires donc de l'interet de l'éco nationale ou bien on le limoge, ce qui est maladroit et là, on arrete pas de commetre des maladresses. En tout cas le limoger pour cela et de quelle facon n'est pas de nature à honorer le peuple Tunisien,

azaiez nasser - 10-07-2012 22:52

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aida bouchadakh - 11-07-2012 11:48

C'est étonnant de vouloir nous faire croire que M. Nabli est irremblaçable. Que ferait la Tunisie sans lui ? C'est à se demander... La Tunisie a besoin de mettre en place des institutions solides capables de faire face à ses difficultés en tout temps et non dépendre du bon vouloir de quelques personnes quels qu'ils soient

Nabil Ennabli - 11-07-2012 14:12

Peut-on parler de "dures années d'exil"? J'en connais beaucoup qui rêveraient de s'exiler à Londres et d'être entretenus par des sympathisants fortunés! Ennahdha a évolué d'un parti à la doctrine extrêmiste et encourageant la violence, à un parti prétendument modéré et cherchant à imbiber la société des hautes valeurs morales et religieuses, pour chasser ainsi el fessed wel koffar... Appliquée en matière de politique macroéconomique, cette idéologie autorise Ghannouchi à donner à Nabli des leçons de politique monétaire. Après tout, elli maktoub maktoub, ce n'est pas ce pseudo-expert ami du FMI qui va inverser la volonté divine, n'est ce pas?

el khlifi mokhtar - 12-07-2012 01:14

Je ne pense pas que monsieur Nabli ait un jour dit qu’il était irremplaçable ou qu’il tenait à rester Gouverneur. Monsieur Nabli défend, d’après ce que j’ai compris, l’Institution, cette Grande Dame dont peu de personnes parmi ses détracteurs savent l’importance qu’elle représente pour le pays. Je pense que Monsieur Nabli sait qu’il sera limogé, mais il a décidé de défendre jusqu’au bout son Institution et son indépendance. Il sera le plus heureux des mortels si celui qui prendra sa relève, et ils sont nombreux à faire la queue pour le poste, saura défendre, becs et ongles, comme lui, l’indépendance de cette Institution. Chirac a voulu faire plier Jean Claude Trichet, Gouverneur de la Banque de France pour qu’elle soit plus accommodante, au lieu de procéder aux réformes structurelles politiquement impopulaires. Nicolas a essayé de le faire avec la BCE mais sans résultat. Celui qui a le Pouvoir a le choix, entre domestiquer la Banque Centrale pour des desseins politiques à courte vue, lourds de conséquences sur le plan économique ou se ressaisir et conforter cette indépendance d’autant plus que le Gouverneur affirme qu’il n’y a pas eu de critique de la part du Gouvernement dans la conduite de la politique monétaire. Je dis qu’en l’absence de griefs valables à adresser à cet homme qui a fait ses preuves pourquoi le révoquer et de manière aussi indigne de son rang ? Je dis que cet homme a un passé professionnel sans faute, une bonne réputation dans les milieux financiers internationaux et est en train de conduire surement les réformes qui s’imposent, sans tapage. Pourquoi vouloir l’abattre à tout prix et introduire un élément supplémentaire d’instabilité ? Le malheur est que, à ce que je vois, plus d’un parle de cette Institution, un peu trop technique, sans savoir au juste ce qu’elle fait et c’est criminel de porter un jugement erroné à son égard ou à l’égard de ceux qui y travaillent. En auditionnant le Gouverneur, on a parlé d’un débat houleux et que les avis étaient partagés à la commission de l’ANC .Ma crainte est que la technicité de cette commission n’ait pas encore atteint sa vitesse de croisière et qu’à coup sûr, à l’ANC, on votera en bloc pour des considérations politiques pour le grand malheur de l’institution, de l’économie et de la démocratie. Espérons que celui qui prendra la relève soit l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut. Au risque de contrarier certains, je n’en vois aucun, actuellement, qui soit immédiatement fonctionnel et qui s’impose dans la sphère financière surtout internationale. Je crois avoir répondu à tous mes détracteurs que je salue.

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