Corruption : L'équation d'Abderrazak Zouari
La lutte contre la corruption doit dépasser le traitement d’un point de vue purement juridique, estime Abderrazak Zouari. S’exprimant lors des Journées de l’Entreprise, samedi dernier à El Kantaoui, en tant que professeur universitaire, longtemps chargé de la préparation des documents de travail de ces assises, il considère qu’en se limitant à cette approche, on risque de n’attraper 5% des coupables et de voir s’échapper les autres 95%.
Il considère en effet que la corruption se nourrit d’un pouvoir monopolistique, plus un pouvoir discrétionnaire, moins la responsabilisation. C’est cette équation qui a jusque-là favorisé le système. C’est pourquoi, Zouari appelle à réduire le pouvoir discrétionnaire de l’Administration notamment par la mise en place de manuels de procédures très clairs qui réduisent les marges d’interprétation, et la responsabilisation des agents publics. L’ensemble doit cependant s’insérer dans une nouvelle culture qui reste à ancrer.
Ministre du Développement régional dans le second gouvernement de la révolution et auteur d'un plan d'action en 48 grands projets structurants, remis à la veille des élections du 23 octobre, Abderrazak Zouari est actuellement président du Conseil d'Administration de l'UBCI-BNP Paris Bas.
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Tout à fait exact. Il y a lieu donc de faire toute une refonte des procédures de l'administration qui la plus part du temps n'existent même pas. Des procédures claires et connues de tout le monde limiteraient énormément l'usage du pouvoir discrétionnaire qui est à l'origine de tous les abus.
Les responsables dans l'administration s'imaginent être les protecteurs du pays contre les autres citoyens et plus particulièrement commerçants, industriels et autres prestataires de services supposés "fraudeurs". Ces responsables ne cessent de ligoter ensemble l'activité économique afin de ramener les opérateurs et les soumettre à leur diktat. Des autorisations sont exigées partout lesquelles sont accordées au gré des demandeurs. Parfois ces autrorisations nécessitent l'accord de plusieurs personnes et plusieurs mois ce qui permet à chaque personne qui émet un avis favorable de toucher sa récompense. Les textes, même s'ils sont clair comme un jour d'été, sont interprétés autrement et le citoyen se retrouve bloqué et obligé de payer pour s'en sortir. Je rejoins le Pr Zouari pour établir des manuels de procédures clairs et nets et ne présentant aucun risque d'interprétation, je préconise également la libéralisation de toute activité économique licite et morale, la suppression des autorisations. Les administrateurs qui abusent de leurs fonctions et causent des dommages aux citoyens doivent répondre personnellement sur leurs biens à eux et non sur ceux de l'Etat. C'est en ce moment que nous pourrions diminuer la corruption.
Bravo Si Abderrazek! Pour apurer l'Administration de la corruption, il faut aussi limoger plusieurs hauts responsables de l'ère de Ben Ali qui continuent à sévir encore aujourd'hui en son sein! Les retards accumulés par le Gouvernement de la Troika dans le domaine de la lutte contre la corruption est vraiment inquiétant! Il ne suffit pas de se cacher derrière une commission nationale de lutte contre la corruption dont le champ d'action et les moyens humains et matériels sont très limités pour faire son travail comme il se doit. Il est à rappeler que les responsables de la Troika détiennent déjà plusieurs centaines de dossiers bien ficelés sur la corruption (rapport de feu Abdelfattah Amor!)et ils doivent prouver aux Tunisiens qu'ils sont venus au pouvoir pour "nettoyer" la Tunisie de la corruption, s'ils veulent vraiment être au diapason de la Révolution et gagner les prochaines élections de 2013!!!
Si Abderrazak, personne ne peut ignorer vos compétences en ressources humaines(nous avons collaboré au comité pédagogique de l'APB). Il me semble que ne vous avez traité qu'une fine partie de la corruption qui se trouve à tous les niveaux des services publiques et spécialement ceux chargés du contrôle. La corruption peut être diminuée progressivement si tous les sages citoyens s'y mettent sérieusement. Je vais vous donner un exemple de generalisation de la corruption dans le domaine bancaire au plus haut niveau des dirigeants. L'union européenne a offert 10 millions de dinars pour la mise à niveau du personnel bancaire. En tant que membre du comité chargé de la meilleure utilisation de cette enveloppe, on est arrivé en fin de parcours à avoir un standard de performances basé sur les compétences spécifiques par poste d'activités avec une mise à jour tenant compte de chaque spécifités de chaque banque. Un CD comprenant le manuel d'utilisaion a été remis à chaque PDG de banque. Ces CD sont restés dans les tiroirs des PDG depuis 10ans à ce jour pour l'unique raison qui est la remise en cause de la nomination de leurs hommes dans les postes de responsabilité et dont la compétence passe en dernier lieu par contre la confiance d'appliquer les recommandations sans laisser de traces est le critère de choix.