«Bastardo» de Nejib Belkadhi: un grand réalisateur est né

Le nouveau film de Nejib Belkadhi, « Bastardo » vient d'être projeté en avant-première pour les journalistes à la salle Al Hambra à la Marsa. Un film passionnant  dans lequel Belkadhi traite avec beaucoup de justesse de l’actualité tunisiennei à travers la vie quotidienne d’un quartier défavorisé, où une seule famille contrôle la totalité des business et où personne n’ose réclamer son droit à la dignité et à la liberté. Du déjà vu dans notre pays!

«Larnouba», le dictateur du quartier pourtant très gentil, comme son nom l’indique, mais qui est obligé d’exécuter les ordres de sa mère tyrannique se voit détrôner par un bâtard (Bastardo) qui, grâce à  une simple antenne de réseau téléphonique, arrive à rallier l’ensemble du quartier à sa cause. Le roi est mort, vive le roi. Telle était l’attitude des habitants de ce quartier qui se sont mis à nouveau à genoux devant le nouveau chef de la «horde».

 Nejib Belkadhi met en évidence la pauvreté que vivent plusieurs quartiers défavorisés en Tunisie, tout en introduisant des personnages qu’on voit fréquemment dans la vraie vie. De celui qui retourne sa veste plus vite que son ombre, à celle qui renie ses amis après son ascension financière et sociale en passant par celui qui voit des affaires juteuses partout et ceux qui croient en la capacité de la voyante à prédire l’avenir.

Quand on sait que Nejib Belkadhi a écrit le scénario entre 2007 et 2009, on peut dire que «Bastardo»est un film prémonitoire car autant le scénario que les personnagnes évoquent les évènements qui se sont produits qui se sont produits deux ans plus tard en Tunisie d'autant plus plus original qu’il parle, entre-autres d’une révolution pour renverser le pouvoir tyrannique.

Les journalistes étaient unanimes: «Bastardo» constitue un tournant dans la cinématographie tunisienne, surtout avec les effets spéciaux qui sont souvent utilisés à bon escient, la façon de traiter le quotidien d’une frange assez importante du peuple tunisien et l’idée de ressusciter les morts à travers leurs fantômes. Une nouveauté dans le cinéma tunisien.

«Bastardo», le premier long métrage de Nejib Belkadhi est à voir. Le réalisateur a affirmé que c’était un rêve de jeunesse de réaliser un long métrage. Un rêve enfin abouti et qui tient toutes ses promesses après de longues années d'apprentissage qui ont commencé avec l'émission-culte de Canal Horizons « Shems Alik » pour aboutir à « Kahloucha ».
 

Meher Kacem