Opinions - 30.03.2014

Un remède de cheval pour la Tunisie

Le verdict est tombé. Les finances publiques sont dans un état critique et la situation économique est fort dégradée. Cette banqueroute économique est d’abord politique. Si elle impose un remède de cheval, il ne peut d’abord être que politique.

Taxer le politique, ni le social ni l’économique

C’est le politique qui doit être rendu coupable de cette catastrophe. Aussi, comme la Tunisie se veut être une démocratie où le droit n’est pas instrumenté par la politique, mais l’inverse, la première mesure qui s’impose doit être que le reliquat au pouvoir de la coalition sortante — comptable de la situation actuelle — assume ses responsabilités et quitte la tête de l’État. Qu’il y laisse la place à des compétences techniques ne s’adonnant pas à la politique; c’est l’intérêt du pays qui l’exige!

Ensuite, que les hauts fonctionnaires et les commis du peuple fassent enfin la preuve de leur patriotisme en commençant par s’appliquer les inévitables mesures d’austérité que l’État doit appliquer à ses services avant de les imposer au peuple déjà trop éprouvé par la crise. L’État n’a plus besoin de solennités ou de somptuosités pour son prestige. C’est dans une gestion saine et éthique d’un pays pauvre, donc sans ostentation inutile ni étalage de richesses, que réside son autorité véritable et un tel prestige. C’est dans les cœurs qu’il sera alors célébré et non par la force qui n'a jamais l'autorité des sentiments acquis.

Enfin, l’Assemblée nationale qui n’est plus légitime juridiquement depuis longtemps ne peut se maintenir en place que si ses membres veulent bien se sacrifier pour le service national en renonçant à toutes leurs indemnités et traitements exorbitants. Que ceux qui n’y sont que pour ces privilèges quittent donc l'Assemblée, car étant celle d’un peuple pauvre, elle se doit de refléter sa condition!

L’importance du symbole

Certes, on dira que de telles mesures ne suffiront pas à faire revenir la santé économique; elles n'en indiqueront pas moins la voie et remettront le peuple au travail. Car le symbolique est un levier qui ne peut plus être négligé; tout est symbole, aujourd’hui. Quand le plus mauvais exemple est donné à la tête de l’État, le peuple ne peut que le suivre; tels gouvernants, tels gouvernés dit-on.

La seule légitimité qui compte aujourd’hui est celle du Dialogue national. Qu’il prenne donc ses responsabilités et qu’il agisse dans le sens que l’intérêt du peuple et du pays commandent, à savoir l'arrêt immédiat de la comédie actuelle du pouvoir avec l’organisation projetée d’élections législatives et présidentielle pernicieuses qui coûtent cher au pays et ne servent que les intérêts des plus grands partis au vu du scrutin retenu. Que le dialogue national décide d’y substituer des élections  locales et régionales selon le seul scrutin valable en Tunisie, uninominal rationalisé  supposant un contrat de mission de l’élu. Ainsi, la Tunisie s’engagera-t-elle véritablement dans le sens du rétablissement de sa santé aussi bien économique que sociale et politique. Quelle gageure, si facile à gagner, pourtant!

Farhat Othman
 

Tags : Dialogue National   Tunisie  
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1 Commentaire
Les Commentaires
fbf - 04-04-2014 13:47

On peut reprocher à M.J. certaines choses comme par exemple le retard mis pour dissoudre les L.P.R. ou encore l'hygiène des villes et des campagnes ainsi que le manque de communications explicatives et convaincantes sur l'action de l'ensembles des membres du gouvernement et surtout le retard mis pour l'audit des finances publiques et des entités revenant au contrôle de l'Etat. Mais ses tournées à l'étranger (Maghreb, USA, pays du Golfe) sont indispensables et au moins pour les raisons suivantes : rassurer la communauté internationale sur l'avancée démocratique et sécuritaire de notre pays, créer les sympathies nécessaires à la relance de l'IDE, mobiliser les aides bilatérales et multilatérales pour mieux gérer les finances publiques et le contrôle des foncières, et last and not least, faire connaître la qualité et la compétence de son équipe. Mais M.J. étant en voyage, on a ressenti le vide dans le pays et un silence des ministres. Cela dénote d'une certaine prudence un peu exagérée qui risque de compromettre sa principale mission : calmer et rassurer le peuple. Deux autres remarques qui me paraissent pertinentes : l'absence d'une mobilisation des hommes d'affaires au double niveau de l'investissement et de la mobilisation des ressources pour l'emprunt de la REPUBLIQUE 2, ainsi que celle du peuple patriote pour contribuer à réduire l'impasse budgétaire. En dehors de cela, Mr Farhat, comme toujours, nous régale par ses analyses pertinentes. Merci.

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