Faudrait-il opter pour «la solution romaine» pour traiter la mégalomanie de nos hommes politiques?
Après une grande victoire, lorsqu’un général romain défilait devant le peuple, et pour limiter ses prétentions et sa vanité, les romains n’ont trouvé d’autres solutions que de coller un esclave derrière lui. Alors que le général recevait les plus grands honneurs et se gonflait d’orgueil, l’esclave lui chuchotait constamment à l’oreille : «Souviens-toi que tu es mortel, souviens-toi qu’un jour, tu vas mourir». Faudrait-il opter pour la solution romaine pour traiter la mégalomanie de nos hommes politiques ?
Hier et à la une du journal télévisé de toutes les chaines nationales, j'ai suivi les conférences de presse des partis ETTAKATOUL et ELJOUMHOURI qui présentaient en grande pompe leurs candidats. Tout d’abord, une question se pose : pourquoi cette présentation ne s’est pas faite devant leurs bases respectives lors de meetings populaires ?
Ces deux formations politiques étaient à l’origine de la débâcle des premières élections de 2011, puisque jusqu’à la dernière minute, la mégalomanie de leurs chefs respectifs Monsieur Mustapha Ben Jaafar et Ahmed Najib Chabi (pourtant ex grands opposants de Ben Ali) les a empêchés de créer un front démocrate uni.
«L’histoire, comme une idiote mécaniquement se répète»(1) sinon, comment expliquer qu’après cette défaite, on se retrouve aujourd’hui avec la même guerre des chefs.
La folie des grandeurs fait croire aux chefs de ces deux formations et en réalité à toute la classe politique actuelle, qu’ils sont plus forts et plus importants qu’ils ne le sont réellement.
Ils n’ont aucune idée des dégâts irréversibles qu’ils causent à leur image et leurs partis lors de leurs apparitions répétitives dans les médias avec leur lot de querelles et de bagarres sur des futilités, oubliant au passage le débat d’idées et de programmes ainsi que les attentes réelles du citoyen.
Cet euphémisme exagéré dépasse les chefs et affecte leur environnement immédiat. Ils ne sont pas non plus alertés par les démissions collectives dans leurs bases. Personne n’attire leur attention sur les effets néfastes de leur égocentrisme destructeur.
A les voir encerclés par leurs gardes de corps et leurs airs suffisants, on croirait plutôt regarder une starlette qui se pavane sur les escaliers d’un festival hollywoodien devenue célèbre grâce à son physique plutôt qu'à ses qualités artistiques.
Je défie ces politicards d’oser prendre un bain de foule spontané dans un lieu public sans risque d’être rejeté. Je défie leurs partis de faire des « meetings » vraiment populaires, compte non tenu de leurs candidats et leurs proches, journalistes sympathisants, et étendards et drapeaux, qui donnent l’impression d’être nombreux.
A partir du 12 septembre, un autre grand cirque de mégalos avec son lot de médiocrité commencera avec les candidats aux élections présidentielles… Ah ! Si seulement ces hommes acceptaient le traitement romain pour rabaisser leur orgueil démesuréµ.
Malheureusement, le délire mégalomaniaque aveuglant et la guerre des chefs qui les anime les empêchent de voir la réalité. Seule L’histoire déterminera l’ampleur des dégâts.
Abderrazek Maalej
*Expert comptable indépendant
(1) Citation de Paul Morand
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Bravo pour cette analyse du présent qui prend en considération l'Histoire. Ceci dit, je pense que la mégalomanie se crée généralement à partir de la base et non à partir des chefs... donc cette leçon de mégalomanie devrait être offerte à leurs subordonnés.