Abdellatif Ghorbal: Le Parlement européen "tance-t-il" Kaïs Saïed? Inacceptable!
Dans un épatant style diplomatique qui veille scrupuleusement à respecter les formes et les susceptibilités, le Parlement européen a voté, le 22 octobre, une résolution (à l'allure de directive !) sur la situation en Tunisie.
«Considérant que la Tunisie est un partenaire privilégié de l’Union; que cette dernière a constamment eu pour priorité d’aider et de soutenir la Tunisie»,
«considérant que la situation socio-économique se caractérise par une stagnation économique généralisée, liée au contexte politique interne, et par une crise sanitaire, la pénurie de touristes et les forts taux de chômage des jeunes et d’inflation ont aggravé la situation, déjà fragile, de l’économie tunisienne; que la corruption endémique, un système judiciaire transitoire incomplet ainsi que d’importantes difficultés économiques et de graves problèmes de sécurité continuent de faire sérieusement obstacle à l’accomplissement de la consolidation démocratique en Tunisie;»
Le ton est donné. L'Union européenne se préoccupe, à raison, de ses intérêts immédiats (solvabilité de la Tunisie, remboursement des dettes, immigration clandestine, sécurité...). Nul ne peut lui reprocher une telle attitude. Le Parlement européen est en droit de manifester ses préoccupations et craintes vis à vis de nos graves problèmes.
Pourtant, n'en déplaise aux députés du Parlement européen, leur résolution apparait comme conçue sous l'influence de quelques milieux politiques et d'activistes de la société civile tunisiens, aujourd'hui orphelins de toute assise populaire. Des "loosers" qui s'égarent, en désespoir de cause, dans les méandres de la soumission à l'étranger dont ils implorent le soutien en salissant la Tunisie et en se salissant à jamais.
Sinon, pourquoi cette résolution du Parlement européen se cantonne-t-elle presque exclusivement à la consolidation démocratique en Tunisie ? Serait-ce une manière de rendre légitime sa revendication visant à rétablir le parlement de l'échec ? Pourquoi surtout tenter de minimiser l'importance de l'évènement majeur du 25 juillet: Les Tunisiens, par leur sursaut populaire du 25 juillet dans un immense élan de tout un peuple en tous lieux, spontané et joyeux, ont salué et validé les trois phrases magiques de Kaïs Saied de ce soir-là (application de l'article 80, gel des activités du parlement, levée de l'immunité parlementaire des députés). N'est-ce pas là la meilleure forme d'expression de la souveraineté populaire?
Que les députés européens sachent que les Tunisiens luttent aujourd'hui pour la survie de leur pays et de son Etat indépendant et souverain, gravement mis à mal par une décennie d'un pouvoir islamiste incompétent et décalé!
Que ces députés de l'Europe, dont l'histoire est riche de révolutions populaires, se rappellent que c'est la Constitution qui est au service du peuple et non l'inverse!
En outre ils s'attaquent et s'opposent, avec quelques sous-entendus quelque peu menaçants, à l'action de Kaïs Saïed, sans évoquer, ne serait-ce que par pure forme, la responsabilité des Islamistes d'Ennahdha et son Ghannouchi dans les dégâts et les catastrophes qu'ils ont causés au pays. Ils prennent partie, avec beaucoup de légèreté, en faveur de quelques milieux tunisiens mis au ban de la société tunisienne, de leur faute et en raison de leurs forfaits. Il revient aux Tunisiens de juger l'action de Kaïs Saïed, et à personne d'autre.
Cheveu sur la soupe : Que viennent faire dans votre résolution les points (D) et(I) des «considérants»? -voir ci-dessous(1)
Comment la «rue tunisienne» devrait-elle les comprendre, pour ne pas les interpréter à tort?
Vous êtes nos amis! Nous sommes vos amis! Alors considérez-nous en tant que tels, et non comme de simples obligés ou de vulgaires soumis!.
La Tunisie, de son côté, est dans l'obligation de tenir ses engagements et de rendre public ses programmes politiques et socio-économiques. Aussi est-il vivement utile et nécessaire que Kaïs Saïed précise aux Tunisiennes et aux Tunisiens ses profondes intentions, son programme dans l'immédiat, les réformes à engager, et le rythme à adopter en fixant bien évidemment une date pour chaque étape, ainsi que celle de la fin de la période d'exception, au plus vite.
Cela passe, selon la très grande majorité des Tunisiens, par:
1- la dissolution du parlement... comment? C'est au Président de trouver la solution, en écoutant les experts et les acteurs politiques et syndicaux tunisiens parmi les patriotes tunisiens, y compris Abir Moussi.
2- l'élaboration d'un nouveau système politique et électoral, applicable et non source de blocages comme celui que nous subissons depuis 2014.
3- le lancement d'un véritable débat rapide et constructif, avec la participation active des jeunes et de toutes les parties prenantes du peuple tunisien, loin de toute démagogie ou de tentations aventureuses ou hasardeuses. Les Tunisiens se passeraient aisément des "lumières" ou des services de ces "Lénine" et "Naoufaline" qui s'attardent encore dans des sentiers battus et stériles, dangereux et dévastateurs. Les Tunisiens, dans leur immense majorité, vouent déjà aux gémonies ce que certains tentent de proposer ou d'imposer, genre «Lijen Chaabya» à la Gueddafi, pour s'emparer du pouvoir absolu et de pousser le pays vers le chaos destructeur.
4- L'organisation d'un référendum pour ratifier ces nouvelles lois.
5- l'organisation d'élections législatives anticipées.
6- La révision de la Constitution par le nouveau parlement.
Et que le peuple choisisse et assume!
Ces 6 points sont largement partagés dans les déclarations et les publications de la très grande majorité des Tunisiennes et des Tunisiens, dans les milieux politiques, syndicaux, associatifs, ainsi que dans les médias, la rue et dans les foyers. Plus personne aujourd'hui ne réclame sérieusement et honnêtement le retour du parlement d'avant le 25 juillet et de son incompétent Ghannouchi, le plus rejeté et détesté homme politique en Tunisie. Empêchons une telle catastrophe de se produire.
Président!
Ecouter d'abord les Tunisiens et agissez. Vous êtes le chef de l'état d'un pays indépendant qui doit rester souverain et respecté et estimé tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.
Président!
Soyez au service du peuple, de tout le peuple!
Abdellatif Ghorbal
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(1) «(D). Considérant que les gouvernements des Émirats arabes unis, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte ont immédiatement salué la décision du Président Saïed et exprimé leur soutien à son initiative;
(I). considérant que, les 26 juillets 2021, la police tunisienne a fermé les bureaux d’Al Jazeera à Tunis sans donner la moindre explication;»
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QUELLE BOUFFÉE D'AIR BRAVO MONSIEUR POUR CETTE EXCELLENTE MISE AU POINT.
La Tunisie comme l`Europe est un pays indépendant et souverain. La Tunisie comme sortie du colonialisme francais; l´Union Europeenne est aussi une union nouvelle libre des guerres que l´Europe a vecues pendant presque mille ans.Donc on a dans les deux cas quelque chose á defendre ´: la souveraineté des peuples. Et dans les deux cas on doit éviter l´ingérence dans les affaires qui interessent les deux peuples.
Cet article est pertinent et résume fidèlement la position de la grande majorité des tunisiens sur le redressement nécessaire de la situation politique et économique complexifiée et profondement endommagée depuis ce qu on considère hypocritement le ''printemps arabe'' conçu par des puissances étrangères connues et dont l application est confiée à la confrérie islamiste.!